II - Hastings

Épisode 2 : mon premier jour de congé.

On est jeudi soir, ma semaine est terminée, la maman anglaise me demande ce que je compte faire de mon week end de trois jours… Et je me rappelle qu’en Angleterre, on est toujours près de la mer. Alors je dis que je veux voir la mer. Après avoir vu que Brighton, ville assez connue, est pas dans une ligne directe de train, on se rabat sur Hastings (Kent), jamais entendu parler, c’est pas grave, c’est parti.

Il faut savoir que certains trains anglais sont vachement oppressants. Genre ceux où on est tout seul dans le wagon, ou bien où ils disent (en anglais bien sûr) que si tu te plantes de wagon tu vas rester dans la dernière gare où le train est passé parce qu’ils le scindent en deux, ou bien ceux où ils ralentissent dans les tunnels, menaçant de s’y arrêter, et quand tout ça arrive dans le même train c’est pas top. Brr.

J’étais donc bien contente d’arriver à Hastings, même si en sortant de la gare je savais pas trop par où aller… Donc j’ai utilisé ma technique préférée (« je tourne là quand j’veux si j’veux »), me fiant vaguement au fait que l’horizon semblait s’arrêter au-delà d’une certaine rue. Et effectivement, en débouchant de cette rue, juste de l’autre côté de la route…

LA MER. La classe. Sauf que pas de plage, et pas moyen de traverser la route trop fréquentée. Donc je longe, observant les maisons (je sais que je suis dans la vieille ville), la petite fête foraine… et les fish and chips ! Je ne sais plus combien de fois je me suis dit « ah, j’ai trouvé ma cantine pour ce midi ! », par ailleurs. Toujours en ligne droite, en essayant de me rapprocher d’une falaise qui me paraissait jolie, je finis par atterrir à un endroit où la plage est atteignable. Donc je me pose et regarde les vagues. J’adore les vagues. J’ai fini par aller mettre les pieds dans l’eau, un peu, pour mieux voir les vagues. J’adore vraiment les vagues.

Et puis sans que je m’en rende compte, alors que je pensais à autre chose, il s’est mis à faire super beau, et le temps là a duré toute la journée (genre la toute première journée depuis que j’étais là où il a fait beau tout le temps). Je suis tombée par hasard (et par chance) sur une carte répondant à la question que j’ai failli me mettre à poser à tout le monde… Oui, il y a bien un chemin pour aller au dessus des falaises ! Il devait être 11h, et j’avais déjà faim, donc je suis allée dans une brasserie, mais ils ne servaient le fish and chips qu’à partir de midi. Alors je suis montée sur la falaise (un long escalier vachement hard).

La vue était super jolie, mais comme je crevais vraiment de faim je suis redescendue presque pour midi pile (ça a fait rire la serveuse) et j’ai mangé mon fish and chips (de luxe ! Avec petits pois, crème, aneth et capucine, miam) en bouquinant Desnos (« La Liberté ou l’Amour ! »). Comme c’était la première journée depuis une semaine où je pouvais me permettre à la fois de manger comme quatre et surtout des trucs vraiment bons, je suis allée chercher un thé et des beignets de banane dans une sorte de friterie tenue par des Chinois. Je les ai mangés sur un banc en écoutant les mouettes piailler et je suis retournée sur la falaise.

Comme je l’ai dit, il y a d’abord un long escalier alternant cinq marches, un long palier, cinq marches, etc… c’est pénible, ces paliers, il y en avait trop souvent. De là haut on a une vue sur la ville de Hastings et sur la mer. On est sur le site de la bataille de Hastings en 1066, d’ailleurs. Si on traverse ce site on arrive dans un « country parc ». D’en haut de la falaise, on voit la mer, genre sur les trois quarts de l’horizon. Les photos rendent absolument pas la sensation que ça fait.

J’ai décidé de me promener en suivant les flèches du country parc. J’ai commencé par un truc à genre un kilomètre, où il fallait descendre dans le creux entre la falaise où j’étais et la suivante. Là, l’escalier, c’était autre chose : juste des rondins de bois mis sur le sol pour pas que ce soit une pente impossible. En descente, ça va. C’était juste marrant quand je croisais un autre promeneur solitaire et qu’un des deux devait se jeter dans les buissons pour que l’autre puisse passer, hem.

Je suis donc arrivée assez rapidement dans le creux, où il n’y avait… rien à voir. Du coup j’ai continué (suivant un truc à 2km environ) en montant sur la falaise suivante, même genre d’escalier : j’ai passé un moment à pester contre l’andouille qui l’a posé là et devait faire trois mètres de haut, parce que certaines marches m’arrivaient au dessus de la cuisse. D’en haut, il y avait un superbe point de vue, d’où un couple regardait les vagues, donc je les ai laissés et j’ai continué à marcher.

Au panneau suivant, je me suis rendue compte que ce vers quoi je me dirigeais (Fairlight Glen, c’est joli ce nom hein ?) était plutôt à 2 miles qu’à 2km, mais tant que j’étais là… j’ai fini par m’enfoncer dans une sorte de forêt, c’était déjà moins bien parce que j’étais toute seule, que je croisais presque personne, que j’avais plus grand-chose à boire, on voyait plus la mer et ça arrêtait pas de monter et descendre, monter et descendre… tout ce que j’allais devoir descendre et monter au retour.

Les miles passaient pas, jusqu’au moment où un panneau indiquant la direction d’où je venais m’a fait réaliser que j’avais raté le « Glen » (whatever it was) de 200 mètres. Je suis retournée sur mes pas et il n’y avait décidément rien à y voir. Donc, comme je commençais à douter de ma capacité à marcher 5km de plus aller retour pour voir les « Fire Cliffs », même si le nom était prometteur, je suis revenue sur mes pas. J’ai été vachement contente de sortir de la forêt, c’était déjà beaucoup plus joli et tout. Je me suis arrêtée au point de vue où le couple n’était plus, pour continuer à écrire à Fanny, et me reposer aussi parce que mine de rien je venais de faire 5km et demi de crapahutage. En plus, j’avais super chaud et sûrement un coup de soleil sur les joues. Mais bon, la vue valait le coup.

Au bout d’un long moment je suis repartie, redescendant donc dans le creux entre les deux falaises pour remonter sur celle où j’étais à la base. Argh l’escalier. Mais j’étais beaucoup plus motivée que dans la forêt. Cette vue sur la mer, quand même… Arrivée en haut, plus rien ne pressait : il était environ 3 heures de l’après midi, j’avais le temps, et presque plus que de la descente devant moi. Donc je suis retournée tranquillement au village, avec toujours ce super soleil, marchant en parallèle d’une sorte de colo dont les gamins arrêtaient pas de faire des roues dans l’herbe.

En bas, je suis retournée me poser sur la plage du matin. Les Anglais sont effectivement marrants à observer. Un gamin brandissant fièrement sous le nez de sa maman le poisson mort sur lequel j’avais failli marcher m’a particulièrement fait rire. Mais j’étais quand même super jalouse de pas avoir pris mon maillot de bain, et j’ai fini par aller me tremper quand même dans l’eau, jusqu’aux cuisses, et j’aurais bien piqué une tête s’il y avait eu quelqu’un pour garder mon sac, snif. Enfin j’ai un peu raté mon coup au niveau du pliage de jean au dessus de mes genoux, et j’étais trempée, donc je suis allée m’allonger en lisant Desnos… et je dois dire que le bruit des vagues et le soleil, ça sublime la lecture du roman surréaliste.

Comme j’étais dans une ville portuaire et qu’il faut profiter de toutes les occasions de manger du fish and chips, je suis allée en racheter un dans la friterie (moins cher qu’à la brasserie) à 5h de l’aprèm (même pas honte) avant d’aller prendre mon train et de rentrer. Jambes sciées.

(Je mettrai des photos un jour peut être avec une meilleure connexion)

(D'après wiki finalement, un Glen c'est une sorte de creux comme une mini vallée... tu parles qu'il y avait rien à "voir" x))


Photos !



Les maisons de la vieille ville



La plage et la mer, pendant la matinée



La vue depuis le bout de la ville : les deux falaises sur lesquelles je me suis promenée.



Mon fish and chips ! Et Desnos.



La ville vue depuis le haut du premier escalier



La deuxième falaise vue depuis la première (donc je suis redescendue dans le trou, jusqu'à être à hauteur de la mer, avant de tout remonter...)



La première falaise vue depuis la deuxième.
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